Hans Tshomba, “le marché congolais est prometteur, il y a encore d’opportunités à saisir”

Hans Tshomba est l’actuel Directeur général d’Atlantics Goup. Une jeune entreprise de droit congolais, qui est née des cendres congolaises en octobre 2015, à Lubumbashi, en province du Haut-Katanga, c’est au sud-ouest de la République démocratique du Congo (RDC). Évoluant au départ dans la construction, Atlantics Group a mis fin à ce projet des premières heures et est désormais devenue une société fournisseuse des biens et services à la majorité des sociétés de Mining, logées dans l’ancienne province du Katanga démembrée. Précisément au Haut-Katanga et au Lualaba. InnovMag a rencontré lundi 5 avril dernier son fondateur. Le diplômé des Relations internationales qui s’est converti en Finances affirme également tenir au quotidien l’administration et les finances cette société. Il répond aux questions de votre magazine.

Monsieur Hans Tshomba, que peuvent-ils retenir de vous, les nombreux lecteurs d’InnovMag qui vous découvrent via cet entretien ?

Je suis Hans Tshomba. Un jeune passionné. J’ai fait mes études en Relations internationales à l’université de Lubumbashi, option administration et économie internationale, lesquelles ont été sanctionnées d’un diplôme de licence en 2010.  De 2010 à ce jour, j’ai fait un parcours professionnel qui m’a conduit, à la grande surprise de nombreux, à travailler dans un secteur autre que celui de ma formation universitaire.  S’agissant de ce parcours, il faut relever qu’après mes études universitaires, j’ai réussi à me faire embaucher dans une société de construction, où j’ai travaillé pendant  deux ans. De là, j’ai quitté pour travailler pour Nestlé RDC. Ici, j’ai plus évolué dans le service commercial, pour son implantation en ville de Lubumbashi. Malheureusement, c’est un projet qui n’a pas longtemps duré. On était obligé d’arrêter.  Après Nestlé,  soit de 2013 à 2015, j’ai travaillé pour Manabar, qui est une société bien connue dans le secteur de la logistique au Katanga. C’est là que je me suis plus trouvé dans un environnement des Finances, en y bénéficiant de beaucoup de formations. C’était déjà un secteur très attrayant pour moi. J’ai quitté la société en 2015, parce qu’il fallait déjà commencer le projet d’Antlantics Group, pour lequel on réfléchissait déjà avec un autre associé. C’est vers fin octobre que nous avons pu démarrer avec Atlantics Group.

Pouvons-nous en savoir plus d’Atlantics Group. Comme entreprise, que fait-elle exactement ?

 Atlantics Group est premièrement une société de droit congolais, qui emploie une main d’œuvre majoritairement congolaise. Et ce, contrairement à ce que nombreuses personnes pensent qu’elle est une entreprise étrangère. Elle a été créée au mois d’octobre 2015. Au départ c’était une entreprise qui avait essentiellement focalisé son activité dans la construction. Par la suite, au regard des perturbations du marché qui en change régulièrement en République démocratique du Congo, on a dû s’adapter, vu que l’idée était celle d’étendre les activités au-delà du seul secteur de construction.

Pour ce faire, nous avons décidé d’arrêter la construction pour nous lancer dans la fourniture des biens et services, particulièrement aux entreprises minières ici au Katanga. Ainsi, depuis 2016, nous nous sommes entièrement consacrés dans la fourniture des biens et services. Généralement c’est des services relatifs à l’entretien des sites miniers, le transport, ainsi que ce qui accompagne la chaîne logistique. À la demande de nos clients, nous avons aussi changé d’axe. Depuis 2016, la plupart de nos clients avaient constaté que l’on développait plus le partenariat dans la fourniture des biens. C’est de cette manière que nous nous sommes retrouvés dans ce que nous offrons ce jour. Cela malgré qu’au départ l’on fournissait aussi les matériels de construction en génie civil. Du côté des mêmes miniers, c’était beaucoup plus la fourniture des matériels de construction industrielle, précisément ceux relatifs au montage d’usines, leur chaîne des tuyauteries.

Atlantics Group a-t-elle une extension hors frontières nationales, sinon à l’international?

Pour le moment, nous travaillons d’abord au Congo. Avec bien entendu, la perspective de nous étendre ailleurs. Nous sommes plus concentrés sur le marché congolais. Nous avons à l’esprit l’idée qu’il faut commencer par maîtriser le marché interne qui n’est pas aussi facile à cerner, qui change à tout moment. Fort de ces facteurs, nous pensons qu’avons de nous lancer sur le marché international, réussissons d’abord celui de chez nous.  C’est ça qui explique que nous travaillons plus en RDC, dans le Grand Katanga démembré. Principalement dans les provinces du Haut-Katanga et Lualaba, où sont déployées nos activités pour le moment.

Vous exploitez depuis quelques années le marché congolais. Quelle lecture vous en faites ? Est-il rentable, prometteur ? Comment faites-vous face à la concurrence ?

Il est prometteur.  Il y a beaucoup d’opportunités à saisir.  Comme cela se passe dans d’autres entreprises qui proposent le même service que nous, et également dans la sous-traitance, il faut un accompagnement. Sinon le marché est vaste et les opportunités sont là. Il y a encore beaucoup à explorer. S’agissant de la concurrence, notre souhait c’est de voir les sociétés congolaises être à la hauteur. La concurrence est permanente dans ce secteur. Il est à noter qu’il y a plusieurs avancées. Chaque année, il y a des secteurs qui évoluent. D’où, il faut réussir à se mettre à la hauteur et avancer avec ceux qui avancent sur terrain. Le problème c’est que nombreuses de nos sociétés aiment rester statiques. Elles semblent ne pas aimer l’évolution. Mais si chacune se met à jour, rassurez-vous qu’il y aura encore beaucoup plus de potentiels à exploiter.  L’autre point sur lequel il faut insister c’est celui de l’accompagnement du gouvernement. Il ne faudrait pas que d’une part, le gouvernement prenne des mesures, et d’autre part, que ces mesures souffrent d’applicabilité du même gouvernement. Cela pose beaucoup de problèmes aux entreprises évoluant déjà dans le secteur comme nous. C’est notamment la passation des marchés, l’on n’ a pas tous les mêmes chances. Du coup, chacun fait intervenir ses moyens ou les relations à sa possession pour se maintenir dans l’activité.

Quel est à ce jour le niveau d’occupation du marché par Atlantics Group en RDC?

 Notre objectif est et reste d’abord la conquête du marché congolais. C’est-à-dire aller au-delà des provinces du Haut-Katanga et Lualaba. Nous voulons essayer d’étendre nos activités dans la partie Est (partie orientale) du pays, où il y a aussi beaucoup de potentialités avec l’exploitation de l’or, la cassitérite. Je rappelle que nous travaillons pour le moment dans le secteur minier, où nous apportons beaucoup de solutions. Le même secteur est en train de se développé dans cette partie du pays. Nos projections sont telles que l’on doit conquérir ce coin. Nous visons aussi d’aller à la conquête du centre du pays. Tout ceci, c’est encore des projections. Une fois atteintes, on pourra aller à l’international.

Avez-vous des partenaires clés et/ou potentiel avec lesquels vous travaillez ?

 

En terme de partenariat, nous travaillons avec les plus grands des miniers qui sont l’ancienne province du Grand Katanga. Sinon, la majeure partie de ces partenaires est installée au Lualaba. Depuis 2016, nous travaillons avec Tenke Fungurume Mining (TFM), Kamoto Cooper Company (KCC).  C’est avec eux que nous avons commencé le tout premier projet que nous avons développé. Vers 2017-2018, nous avons étendu notre cercle pour travailler avec Metal Col qui est aussi à Kolwezi. Elle est une des grandes entreprises du groupe Glencor. Il y a aussi Boss Mining, COMSA COMID. Ce sont eux les premiers clients avec lesquels que nous avons commencé. Chez eux, nous fournissons les biens et services à partir du partenariat que nous avons tissé à l’extérieur du pays, notamment avec les grands fabricants de tout ce qui est solution d’usines. Actuellement, notre grand partenariat c’est avec Kringer, qui est un grand leader mondial dans la fabrication des raccords, vanes et tuyauterie. L’autre partenaire étranger avec qui nous travaillons c’est Florox. Il est récemment passé en Nelex, parce qu’elle a été rachetée. Basée en Finland, elle est une grande entreprise de fabrication des vanes, avec plusieurs branches en Afrique. En Afrique Centrale c’est nous qui sommes distributeur. En dehors de ces deux grands partenaires (Kringer et Florox), nous avons Truco qui est aussi un grand fabricant des tuyauteries. Nous avons également un partenariat avec Shimider qui nous aide avec des matériels électriques. Un groupe de partenaires basés en Afrique du Sud nous assistent dans l’acquisition des câbles électriques et internet. Nous avons également des contrats de distribution avec eux.

Comme entreprise, Atlantics Group est-elle engagée dans un projet social et environnemental ?

Nous avons quelques activités. Beaucoup plus au plan environnemental. Au niveau social, rien n’est jusqu’ici fait ni développé. Il fallait d’abord que l’entreprise croisse. Cette croissance n’a eu effet qu’en 2018. En ce moment, nous essayons de nous stabiliser. Mais il y a des projets en vue. Des projets sociaux que nous aimerions développer et qui seront axés essentiellement à l’appui à l’agriculture, tout simplement parce que nous nous rendons compte que l’alimentation est encore un problème chez nous au pays. Aussi, malgré que le secteur minier est considéré comme étant le premier secteur d’activités au pays, il faut dire qu’il n’est pas un secteur perpétuel. D’où l’intérêt de porter appui à d’autres secteurs tels la pêche et l’élevage. Sont là quelques projets que nous avons. Pour le moment nous nous concentrons à la stabilisation afin d’atteindre un certain niveau de croissance.

Disposez-vous d’un programme pour augmenter la diversité au sein de l’entreprise ?

L’objectif premier c’est de nous adapter. Tout en s’adaptant, nous sommes en train de chercher à introduire quelque chose de nouveau, tenant compte de ce qui se passe autour de nous.  Ce qui nous évitera toute idée selon laquelle, des sociétés congolaises ne vivent pas longtemps.  Une image vue de l’extérieur, où l’on estime que les sociétés congolaises ne créées que pour des fins de lucre.  Voilà pourquoi nous luttons pour enlever dans la mémoire collective une telle idée, et montrer qu’une société congolaise a droit de durer longtemps. Pour y arriver, il faut nous organiser au niveau interne, s’adapter à l’évolution technologique, mais surtout selon ce que veulent nos clients, et leur proposer des solutions.

Comment faites-vous pour la mise à niveau de votre personnel afin de répondre à la compétitivité, à la concurrence ?

Nous avons un personnel permanent. Il y a peu que l’entreprise a commencé sa croissance, ce qui explique le petit nombre. Mais nous sommes en train de rajouter d’autres, selon le besoin qui se fait grand. Au-delà du personnel permanent (Ndlr: constitué de dix agents), nous en avons d’autres que nous utilisons de façon occasionnelle, selon que le demande tel ou tel autre projet. Il peut y avoir des projets qui nécessitent une main d’œuvre non permanente, de 30 à 60 personnes. Sinon, tout dépend du projet. Autre chose c’est que, eu égard à l’évolution, nous sommes attachés à la mise à jour des agents par des formations. Ces dernières ont souvent lieu grâce à nos partenaires. Notamment ceux cités ci-haut. Ce, en vue d’être à la hauteur afin de rendre le même service que rendraient nos partenaires s’ils étaient présents au pays. Étant distributeur, nous offrons aussi des formations aux membres des équipes de nos clients, selon qu’ils nous les demandent.

Comment faites-vous pour maintenir votre place dans l’environnement d’affaires au pays ?

Nous musons beaucoup sur ce qui est commercial et tenons compte des remarques que nous recevons de nos clients. S’il faut faire la comparaison avec la plupart de sociétés congolaises, l’on se rendra compte qu’il y a un sérieux problème de suivi du client.  Ce dernier voudrait que le suivi soit permanent. Il veut être écouté et que l’on fasse ce qu’il demande.  Voilà des attitudes qui nous  aide chaque fois que l’on se retrouve dans une concurrence avec quelques compagnies sœurs qui, faut de ne pas écouter leur client de savoir exactement quel sont leurs besoins,  elles étaient mises à l’écart, alors que nous on se maintient. L’autre stratégie c’est l’entretien d’une excellente relation avec le client par une bonne communication. Nous nous refusons de d’imposer quoique ce soit au client. Autant nous sommes à l’écoute du client, autant nous lui proposons des nouvelles choses. Nous sommes présents auprès du client pour connaître ses besoins, ses challenges actuels pour y apporter des solutions adaptées.

Quelles sont vos perspectives dans les cinq, dix ou vingt ans à venir ?

À court terme, c’est comme je l’ai dit tantôt, c’est de conquérir tout le marché congolais, en y apportant plus de solutions en faveur de nos clients du secteur minier. À long terme, c’est chercher de chercher à étendre nos activités au-delà du secteur minier en appuyant d’autres secteurs qui ne développent pas chez nous au pays et qui peuvent booster nos sociétés. Il s’agit entre autres l’agriculture. Nous voulons mettre fin à l’image selon laquelle, le Congo, c’est seulement le minier, pourtant nous avons d’énormes potentialités à l’instar des Mining. Mais j’insiste que pour le moment nous sommes d’abord focus sur le minier au niveau local. C’est après que nous verrons le marché international.

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